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TP1 - Gestion de version avec Git

Crédits : Florian Forestier


Présentation de Git

Git est un système de gestion de versions, c'est-à-dire un logiciel qui permet de stocker un ensemble de fichiers tout en gardant une chronologie de toutes les modifications qui ont été effectuées dessus. Cela offre la possibilité de récupérer d'anciennes versions de documents et d'examiner l'historique des modifications. Cela permet également de travailler de manière distribuée, afin que plusieurs personnes puissent collaborer sur un même projet. Pour que la collaboration de plusieurs personnes soit efficace, une fonctionnalité permet de gérer les conflits lors de modifications concurrentes de la même partie d'un fichier.

Il existe deux philosophies de gestionnaire de versions :

  • L'une utilisant un système centralisé, comme CVS ou Subversion : dans ce genre de système, il n'y a qu'un seul dépôt des versions. Le serveur va donc centraliser tous les fichiers constituant un projet et contient l'historique des versions. Dans ce système, l'utilisateur va récupérer sur son poste une version des fichiers et va toujours travailler sur celle-ci. Lorsqu'il le souhaitera, il synchronisera son code avec le dépôt central pour que le code du dépôt central soit modifié. Ce système présente plusieurs défauts, le principal étant qu'il est très difficile de travailler sans connexion ;
  • L'autre un système décentralisé, comme Git ou Mercurial : dans ces systèmes, chaque utilisateur dispose d'une copie complète du dépôt, avec son historique complet. Il sera certes plus long de cloner un dépôt, mais l'utilisateur pourra alors travailler localement sur son poste, sans connexion à internet. Par ailleurs, en cas de défaillance du serveur central, le code et son historique ne sera pas perdu, puisque tous les utilisateurs disposent d'une copie complète du code source.

Git est le système de gestion de version le plus connu et le plus utilisé de nos jours. Il s'agit d'un CVS décentralisé, créé par Linus Torvalds pour la gestion du noyau Linux. Pour l'anecdote, Git a été conçu en quelques semaines, suite à la décision de BitKeeper de rendre son outil de gestion de version payant.

Démarche

Les fichiers sont stockés dans un dépôt central. Ce dépôt peut être situé sur un serveur distant, ou sur la machine locale. L'accès à un serveur distant peut se faire soit à l'aide d'un protocole spécifique à Git, soit encapsulé dans du SSH ou du HTTP pour être accessible plus facilement.

Afin de travailler, il faut récupérer une copie locale du dépôt ; c'est la copie de travail, sur laquelle les modifications seront apportées. Une fois les modifications effectuées, il faut les commiter (les regrouper pour former un "paquet de changements"), puis les transmettre au dépôt central (push). Ce dernier mettra à jour les versions si tout se passe bien, ou refusera s'il y a un conflit qu'il ne peut pas résoudre seul. Afin de faciliter la gestion des versions, il est très fortement recommandé d'indiquer la liste des modifications effectuées. De la même manière, il est recommandé de fréquemment envoyer ses modifications et récupérer celles des autres, pour rester synchronisé, et éviter les conflits.

Utilisation de Git

Configuration initiale

Avant de commencer, nous allons créer un environnement de travail. Dans un terminal, tapez les commandes suivantes :

  • mkdir -p ~/TPGenieLog/Git
  • cd ~/TPGenieLog/Git

Nous allons ensuite configurer Git. Chacun de nos commits dispose en effet du nom de l'auteur des modifications, et son adresse mail. Il faut donc configurer Git pour qu'il les connaisse :

  • git config --global user.name "Prénom Nom"
  • git config --global user.email "prenom.nom@etu.uca.fr"

Vous pouvez afficher votre configuration avec la commande git config --list .

Commandes de base

Le programme de base (client) ne fonctionne qu'en ligne de commande. Il existe cependant de nombreuses interfaces graphiques (gitGUI, tortoise, etc). La majorité des IDEs modernes embarquent également un visualiseur Git. Ces clients graphiques présentent tous l'inconvénient d'être incomplets et de fonctionner en "magie noire", aussi, il est déconseillé de s'en servir pour autre chose que de la lecture.

Création d'un dépôt

Tout d'abord, nous allons initialiser notre dépôt Git en local. Dans le dossier ~/TpGenieLog/Git créé précédemment, nous allons taper la commande suivante : git init .

Cette commande va créer un dossier .git dans votre dossier courant. Ce répertoire contient toutes les informations nécessaires à Git pour gérer son dépôt. Les données ne doivent jamais être éditées à la main. L'arborescence est la suivante :

  • config : contient les options de configuration spécifique au projet
  • description : fichier utilisé pour parcourir le dépôt git via interface graphique
  • HEAD : lien symbolique vers la branche courante. En général, redirige vers refs/heads/master.
  • hooks/ : contient les scripts exécutés avant ou après certaines commandes (commit, push, etc)
  • info/ : contient divers fichiers de configuration
  • objects/ : contient tout le contenu de la base de code versionné
  • refs/ : contient toutes les références du dépôt (stashes, tags, branches distantes et locales, etc).

Voir le statut du dépôt local

À tout moment, vous pouvez connaître l'état du dépôt en utilisant la commande git status . Cette commande va indiquer l'ensemble des modifications depuis votre dernier commit. Actuellement, elle devrait vous indiquer qu'aucun changement n'a eu lieu. Mais cela va vite changer !

Créons maintenant quelques fichiers :

  • echo "Bonjour !" > bonjour.txt
  • echo "Un autre fichier" > fichier.txt
  • echo "### Et un dernier pour la route" > route.md

En relançant votre commande git status , vous allez constater que git vous indique plusieurs fichiers non-suivis.

Ajouter un fichier

Pour commencer à suivre les modifications dans un fichier (et l'ajouter à votre prochain commit), on utilise la commande git add nom_de_fichier . Il est possible de stipuler plusieurs fichiers d'un coup, en listant chaque fichier un par un (exemple : git add bonjour.txt fichier.txt ), ou en utilisant git add . , qui ajoute tous les fichiers au commit.

Ajoutez l'ensemble des fichiers (avec la commande que vous souhaitez), et relancez un git status . Vous devriez avoir un message de Git indiquant que les fichiers sont suivis pour le changement.

Commiter les changements

Maintenant que nous avons fait des changements, nous pouvons commiter, c'est-à-dire fixer nos changements dans l'historique de Git. La commande est la suivante : git commit -m "mon_message_de_commit" .

En relançant la commande git status , git doit vous indiquer que la liste de changement est à nouveau vide. Cela signifie que vos changements sont désormais présents dans Git, et qu'ils seront toujours accessibles dans l'historique !

Voir l'historique du dépôt

Vous pouvez regarder l'historique avec la commande git log . Ce dernier devrait normalement afficher un seul bloc, contenant :

  • Le hash du commit (un ensemble de chiffres et de lettre aléatoire permettant d'identifier le commit)
  • La branche sur laquelle les changements ont été poussés
  • L'auteur du commit
  • La date
  • Et enfin, le message de commit

Maintenant, nous allons ajouter une seconde série de modifications. Ajoutez du contenu dans le fichier "bonjour.txt", et relancez un git status . Vous devriez voir les changements que vous avez effectués.

Voir les différences sur le dépôt local

Une autre commande très utile est git diff . Cette commande va vous permettre de voir l'ensemble des changements effectués dans un fichier depuis votre dernier commit. Une ligne commençant par un - est une ligne supprimée, une ligne commençant par un +est une ligne ajoutée. Si vous changez un caractère dans une ligne, la ligne entière sera considérée comme effacée, et ajoutée.

Commitons à nouveau nos modifications (vous avez les commandes plus haut). git log devrait désormais afficher 2 commits !

Réparer ses erreurs

Malheur, vous vous rendez compte que vous avez fait une vilaine faute dans un message de commit ! Heureusement, la fonction "amend" vous permet de corriger cela sans être vu : git commit --amend -m "Update my message !" . Relancer la commande git log vous permettra de voir que le message a bien été mis à jour.

Retourner en arrière

Parfois, vous aurez envie de revenir en arrière, car vous vous rendrez compte qu'une modification dans votre code a eu des impacts indésirables. git revert est là pour vous !

Exécutons la commande git revert HEAD. Quittez vi avec :q. Relancez git log : que s'est-il passé ?

Il est possible de revenir en arrière de plusieurs versions en spécifiant le nombre de commits que l'on souhaite annuler : git revert HEAD~2 permet ainsi de revenir en arrière de 2 commits. Lancez la commande, et constatez les changements en explorant le contenu de votre dépôt (avec ls par exemple).

Maintenant, faites un dernier git revert pour revenir à l'état initial du dépôt.

Ignorer des fichiers

Parfois, vous souhaiterez ignorer des fichiers de votre arborescence Git (fichier de base de données, de configuration, etc). Un moyen très simple de le faire est d'ajouter un fichier .gitignore à la racine de notre projet, et d'y noter les fichiers à exclure. Par exemple :

configuration.txt
base.h2
dossier/ #Va exclure le dossier entier
*.h2 #Va exclure tout les fichiers terminant par .h2

Créez un fichier .gitignore avec le contenu fourni ci-dessus, puis créez un fichier "configuration.txt". Lancez un git status. Que constatez-vous ? Ajoutez et commitez les modifications.

Un site très utile au quotidien est gitignore.io, qui vous permet de générer des fichiers .gitignore à la volée.

Gérer des branches

Les branches permettent de contenir des versions déviant de la ligne de développement principale. Cette fonctionnalité est très utilisée, notamment pour pouvoir expérimenter du code sans toucher la branche principale.

À l'initialisation, une première branche est créée. Cette branche se nomme master. Il est possible de voir la liste des branches avec la commande git branch . La branche actuelle est notée d'un astérisque.

Pour créer une branche, il existe deux options :

  • git branch nom_branche , va créer une branche sans vous basculer dessus. Il faudra basculer avec git checkout nom_branche
  • git checkout -b nom_branche , va créer la branche et vous positionner dessus.

Créez une nouvelle branche experimental , et accédez-y.

Créez un fichier experiment.txt avec du contenu dedans (ce que vous voulez). Commitez vos changements, et vérifiez avec git log . Basculez maintenant sur la branche master : git checkout master . Relancez git log . Que constatez-vous ? Idem pour la commande ls .

Comme vous pouvez le voir, ni git log ni la commande ls ne voient votre fichier experiment.txt. Ce qui est normal, comme vous l'avez créé sur une autre branche !

Fusionner des branches

Maintenant, lançons la commande git merge experimental . Cette commande va récupérer les changements effectués dans la branche experimental , et les rapatrier dans master .

Si vous relancez ls ou git log, vous devriez désormais voir le fichier experiment.txt et son commit associé ! Nous pouvons désormais supprimer la branche experimental qui ne sert plus à rien.

Supprimer une branche

Pour supprimer une branche, il suffit d'utiliser la commande git branch avec l'argument -d . Exemple : git branch -d experimental . Vous pouvez vérifier que la branche a bien été supprimée en listant vos branches.

Gérer les conflits

Lorsque vous fusionnez des branches, il est possible que vous obteniez un conflit ; c'est-à-dire une situation que Git ne sait pas résoudre tout seul. Cela arrive notamment lorsque deux personnes modifient le même fichier sur deux branches différentes.

Créons une situation de conflit :

  • git checkout -b conflit
  • echo "bonjour" > experiment.txt
  • git add . && git commit -m "bonjour"
  • git checkout master
  • echo "coucou" > experiment.txt
  • git add . && git commit -m "coucou"

Ici, nous venons d'écrire "bonjour" dans le fichier experiment.txt sur la branche conflit, et coucou dans le même fichier sur la branche master. Tentons de merger notre branche : git merge conflit .

Comme attendu, Git nous renvoie une erreur indiquant un conflit dans experiment.txt. À ce stade, il n'y a pas d'autre choix que de résoudre manuellement le conflit. Éditez le fichier experiment.txt (avec vi, nano, ou un autre éditeur de text).\ Le contenu devrait être le suivant :

<<<<<<< HEAD
coucou
=======
bonjour
>>>>>>> conflit

La structure est assez simple : la partie située entre <<<<<<< HEAD et ======= est issu de la branche actuelle (master), et la partie entre ======= et >>>>>> conflit est issu de la branche conflit. Pour résoudre un conflit, il suffit de supprimer ces éléments, et d'arranger comme on le veut le contenu, à savoir garder un côté ou l'autre (ou les deux).

Ensuite, on rajoute un commit pour indiquer la résolution du conflit : git add . && git commit -m "conflit résolu !" . On peut alors supprimer la branche conflit.

Dépôts distants

Pour cette partie TP, nous allons utiliser une instance de GitLab, un serveur Git très utilisé en entreprise. Rendez-vous sur https://gitlab.isima.fr/, et créez un compte avec votre adresse universitaire. (Cette instance est vidée régulièrement !).

Ensuite, créez un dépôt : cliquez sur le "+" en haut à gauche de l'interface, puis sur "New Repository". Donnez-lui un nom, et cliquez sur "Create Repository". Votre dépôt est désormais créé.

Maintenant, nous devons indiquer à notre dépôt local que nous avons une cible distante. Pour cela, nous pouvons utiliser la commande git remote . Cette commande permet d'ajouter, modifier ou supprimer des dépôts distants à synchroniser.

Lançons la commande : git remote add origin URL . L'URL est votre dépôt est indiquée sur l'interface de GitLab, et termine par un .git .

Ensuite, nous allons pousser nos changements : git push -u origin master . Git vous demandera très probablement votre identifiant et votre mot de passe de l'instance GitLab. Vous devriez voir apparaître dans l'interface Web vos fichiers !

Maintenant, imaginons que vous avez deux ordinateurs, sur lequel votre code est présent. Allez dans ~/TPGenieLog . Nous allons cloner notre dépôt distant. Le clone permet de récupérer une copie locale du dépôt, pour y travailler dessus. git clone URL SecondPC . Le dépôt git sera cloné dans un dossier nommé SecondPC.

Dans le dossier SecondPC, effectuez des modifications, commitez et poussez les modifications.

Retournez dans le dossier ~/TPGenieLog/Git : vos modifications apportées ne sont pas encore présentes. Vous pouvez les récupérer avec git pull .

Conclusion

Nous avons vu dans ce TP quelques possibilités offertes par Git. Cependant, nous sommes loin d'avoir tout vu ! Git dispose en effet de commandes très poussées permettant d'effectuer de nombreuses actions (rebase, cherry pick, etc).

Grâce à ce TP, vous êtes désormais en mesure d'utiliser Git dans vos projets universitaires et personnels.

Si vous souhaitez héberger du code, n'hésitez pas à aller voir les sites GitHub et GitLab, qui permettent de créer gratuitement des dépôts Git.